"Four artists have gathered at Simeza Gallery, where their academic studies in graphic arts served as the starting point for their artistic journeys that led them to distant places. Their passion and curiosity for new media, with its infinite possibilities, has widened their graphic perspectives and intensified the sensitivity and expectations of both the viewers and the creators themselves.
The image has never been so democratized, with its consumption and production becoming increasingly free. The camera and video, as well as the computer acting as extensions of the eye, hand, and imagination, have removed the obstacles and limitations of traditional techniques."
"Alexandra Mas is a prolific artist who has built a career in France. However, what you will see here is just a small fraction of her vast body of work. Beginning with academic drawing, which she masters brilliantly, she has explored a wide range of visual mediums, including photography, video, digital manipulation of images, performances, and body art (both with her own body and others). Some of her works from the Aurore des Temps series, which intentionally incorporates ecological activism, are exhibited here. Additionally, I see the figures of actresses Aurore Tomé and Athule Mbekeni, strangely modified by their gold leaf garments, as reminders of the chryselephantine statues of antiquity. Like a new Midas king, the artist seems to turn everything she touches into gold, relentlessly seeking an ideal of beauty despite the risks of reification. However, even when submerged in splendors and chromatic shifts, the model's eye remains lively and conscious, confronting the multiple layers of submission and constraints insidiously imposed on the flesh, skin, and body."
"Quatre artistes se sont réunis à la galerie Simeza, portés par le destin et leurs choix esthétiques vers des terres lointaines. La passion et la curiosité pour les nouveaux médias et leurs champs infinis de possibilités élargissent les perspectives graphiques, intensifient la perception et modifient la sensibilité et les attentes du spectateur, tout comme celles du créateur.
L'image n'a jamais été aussi démocratisée, l'accès à sa consommation et à sa production si libre. Les appareils photo/vidéo et les ordinateurs agissent comme des prolongations de l'œil, de la main et de l'imagination, sans les obstacles et les limitations des techniques traditionnelles.
Alexandra Mas, artiste prolifique, a construit sa carrière en France. Ce qui est présenté dans cette exposition ne représente qu'une infime fraction de son travail. Après avoir débuté avec le dessin académique qu'elle maîtrise avec brio, elle a traversé avec boulimie un vaste registre d'exploration visuelle, passant inévitablement par la photographie, la vidéo, les manipulations numériques d'images les plus ingénieuses, les performances et le body art (travaillant avec son propre corps ou celui des autres). La série Aurore des Temps, dont quelques travaux sont exposés ici, convertit délibérément l'esthétisme en militantisme écologique. De plus, je vois dans les figures des actrices Aurore Tomé et Athule Mbekeni, étrangement modifiées par leurs habits de feuille d'or, des rappels des statues chryséléphantines de l'Antiquité. Tel un nouveau roi Midas, l'artiste semble transformer en or tout ce qu'elle touche, en assumant les risques de la réification. Cependant, l'œil du modèle, même noyé dans les splendeurs et les déversements chromatiques, continue à regarder, vif, en affrontant les profondeurs conscientes les multiples couches de la soumission et des contraintes imposées insidieusement à la chair, à la peau et à nos corps.
L'imagination de Silvia Ionel est sombre, hantée par des fantasmes de dégradation humaine ou d'une civilisation mutante où les humains oscillent entre les extrêmes, hurlant sans retenue ou, au contraire, avec le masque de l'hypocrisie à portée de main. Les images, générées exclusivement de manière numérique, témoignent de la fascination de l'artiste pour le vérisme frappant facilité par les nouvelles technologies que même une main vertueuse ne peut égaler.
Ioan Doru Vladoiu, avec un parcours sans précédent qui inclut sa rencontre avec le grand Octav Grigorescu à l'école d'art de Bucarest et un stage au Canada qui le relie à un contexte artistique radicalement différent, évolue dans l'imagination moderniste, comme le surréalisme ou l'abstrait qu'il interprète avec des outils technologiques actuels. Il s'intéresse à la relation texte/image - transposition de proverbes avec un effet visuel absurde (Une main lave l'autre), mais il est également attiré par les effets de mouvement (Danse), les textures, la diversité qui crée le sens de la matérialité, soit concrète avec une signification symbolique (Notre pain quotidien), soit abstraite (Auto-destruction).
Enfin, Ioan Cuciurca, graphiste doublé du commissaire aux talents organisationnels, qui a déjà mis en place dix éditions de la foire annuelle roumaine des arts graphiques, nous accueille ici avec des œuvres choisies par une sélection programmatique sous la perspective numérique, point de départ de l'exposition. Nous trouvons des impressions de la série Vast Stretches / Landslides, des abstractions incorporant le mouvement et l'allusion à l'infini. Avec Leonardo en tête, il évoque la figure la plus célèbre du patrimoine artistique européen à travers une interprétation entièrement numérique de la draperie de Léonard. Dans l'exposition quintuple centenaire de Léonard au musée du Louvre en 2019, une salle entière était consacrée à la draperie du grand artiste de la Renaissance aux côtés des moulages reconstitués à partir des dessins qui semblent lui avoir servi de modèle. Avant cette impressionnante exposition anniversaire, Cuciurca avait déjà choisi la draperie de Léonard, un thème de la Renaissance qui renferme toute une théorie artistique, pour y méditer avec des outils actuels. Je vois ici une logique de continuité qui ne se contente pas de se rapporter au passé avec nostalgie, mais pour ce qu'elle contient comme futur.
Ioana Vlasiu, critique d'art.